Nuits Blanches à l'hôpital
- ldel96
- 8 juin
- 2 min de lecture

De temps en temps, je préparais ce voyage avec toi, ce rêve d’îles lointaines. À travers les images des guides, je nous imaginais déjà là-bas, ensemble, dans ces paysages nouveaux. Enfin, nous allions partager cette expérience tant attendue.
Aujourd’hui, tu es partie seule. Non par choix, mais par la force des choses…
Une vieille blessure, âgée de neuf ans, un mauvais cru, est revenue sournoisement, profitant de l’arthrose et de l’usure du temps. Avec elle, une autre s’est invitée. Les traitements déjà tentés, les soubresauts d’amélioration, les chutes et rechutes… jusqu’à ce point de bascule : l’opération d’urgence. Les nerfs, la colonne, les mots médicaux — juste assez pour installer la peur. Puis l’opération.
La douleur physique s’est atténuée. Une nouvelle cicatrice, au bas du dos, vient s’ajouter aux autres. Elle témoigne de la faiblesse du corps. Maintenant, il faut réapprendre à marcher, et marcher bien, si possible… Il faudra du temps, alors même qu’il semble me glisser entre les doigts, trop rapide et pourtant si lent quand tu es loin de moi.
Bien sûr, nous resterons liés par nos messages, nos pensées. Mais tu me manques déjà. J’ai soif de toi, de ta présence, de ce que tu représentes dans ma vie. Ce soir, tu es seule, et je sais combien tu as besoin de ces vacances. Je le comprends, je l’accepte. Mais dans cette nuit blanche à l’hôpital, j’écris pour ne pas maudire ce corps capricieux, ces farces idiotes que l’âge nous impose. Allongé, impuissant, je me demande : pourquoi, dans le peu de temps qui reste, faut-il encore subir une telle privation ?
Certains diront : « Il y a toujours pire. » Peut-être. Mais alors, il y a toujours mieux aussi, non ?Oui, la situation s’améliorera. Mais ce moment que nous avions tant attendu, lui, n’aura pas vécu.
Oui, il faut rester positif, en tirer quelque chose, apprendre. Mais si je laissais parler tout ce que je ressens, ce serait une vague de rage jaillie du fond des tripes, une plainte lancée contre l’injustice de la vie. La vie n’est juste pour personne. Elle nous fait bâtir des châteaux en Espagne… puis les laisse s’effondrer comme des jeux d’enfants sur le sable, balayés par les vagues de tristesse, emportant avec elles nos espérances.
Écrire soulage, même un peu. Et ce peu, ce soir, est bienvenu. Je jette une nouvelle bouteille à la mer. Juste pour traverser, sans sombrer, ces longues nuits blanches de l’hôpital.
Mes pensées t’accompagnent, là-bas, dans ce siège vide à côté du tien.
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